Per la ricuperata salute di Ofelia (Mozart, Salieri, Cornetti)
En décembre 2015, le musicologue et compositeur Timo Jouko Herrmann, spécialiste de l’œuvre de Salieri, a fait une remarquable trouvaille, alors qu’il dépouillait le catalogue de la bibliothèque musicale du Musée national de Prague : il s’agit d’une version imprimée de la cantate « Per la Recuperata Salute di Ofelia » (écrite en 1785 pour célébrer le retour sur les planches de la cantatrice, future créatrice de Susanna des Nozze di Figaro de Mozart.
Longtemps
considérée comme perdue, cette œuvre est exceptionnelle dans le corpus
mozartien, puisque qu’elle a la particularité d’avoir aussi comme compositeurs
la soi-disant bête noire de Mozart, Antonio Salieri, ainsi qu’un certain « Cornetti » dont l’identité est
encore incertaine. Le poème est signé Lorenzo Da Ponte.
Il
s’agit d’une version imprimée par Joseph von Kurzböck
comportant le poème de 30 strophes écrit par Lorenzo Da Ponte, ainsi qu’une partition
réduite (voix et basse) sur deux feuillets dépliants.
On
y trouve la mise en musique par Salieri
des deux premières strophes, celle de Mozart pour les deux suivantes, et la
reprise du début par « Cornetti ».
Cette
version réduite est-elle due uniquement aux contraintes de l’impression ? Selon
le musicologue, la partition imprimée, qui fait suite au poème, témoigne de « trous »
et de manques divers. Il les a d'ailleurs complétés dans l'édition qu'il a publiée chez Hofmeister.
« Per la Recuperata Salute di Ofelia » : un peu d’histoire…
Le
1er juin 1785, la cantatrice Ann Selina (Nancy) Storace perd sa voix
en scène, lors de la création de Gli
Sposi malcontenti, opéra de son frère Stephen. Cela retarda les répétitions
et la mise au théâtre de La Grotta di Trofonio de Salieri, qui n’eut lieu que
le 12 octobre 1785. Storace n’avait repris son service au Burghtheater, l’opéra
de la Cour, que le 26 septembre.
Le
titre du poème de Da Ponte fait allusion à son personnage dans La Grotta di
Trofonio, Ofelia, l’une des deux sœurs jumelles qui voit son caractère changer
en pénétrant dans la fameuse grotte du mage.
On
ne connaissait la cantate que par les annonces de la mise en vente par Artaria
de sa partition : une première annonce est insérée dans le Wiener Blättchen du 26
septembre 1785, une autre dans le Wiener
Realzeitung, le 18 octobre :
« Pour célébrer l’heureux rétablissement de la virtuosa favorite Mme. Storace, le poète de la cour impériale et royale Herr Abbate Da Ponte a écrit une cantate de réjouissance « Per la recuperata salute di Ofelia ». Cette dernière a été mise en musique pour être chantée avec accompagnement de pianoforte, par les trois célèbres Kapellmeister Salieri, Mozart et Cornetti, et est en vente aux éditions Artaria, Michaelsplatz, pour le prix de 17 kr. »
« Cornetti »
n’est pas formellement identifié.
Le biographe de Nancy Storace, G. Brace, a avancé qu’il pouvait s’agir de Stephen Storace, mais cela semble incertain. Ce dernier aurait certainement apposé son nom. On a avancé le nom du ténor Alessandro Cornet(ti) ( ? - v. 1795), un chanteur et pédagogue.
Le biographe de Nancy Storace, G. Brace, a avancé qu’il pouvait s’agir de Stephen Storace, mais cela semble incertain. Ce dernier aurait certainement apposé son nom. On a avancé le nom du ténor Alessandro Cornet(ti) ( ? - v. 1795), un chanteur et pédagogue.
Mozart
n’a pas fait d’entrées pour cette cantate dans le catalogue thématique de ses œuvres,
Salieri ne la mentionne pas non plus. On ne connaît à ce jour aucune copie de
l’impression d’Artaria.
Quant
à Da Ponte, il n’a pas mentionné ce poème dans ses Mémoires. Est-ce étonnant ?
La Grotta di Trofonio était de la
plume de son grand rival, l’abbé Giambattista Casti…
La cantate a été recréée mardi 16 février 2016 au Musée national de la Musique de Prague.
La cantate a été recréée mardi 16 février 2016 au Musée national de la Musique de Prague.
Elle dure environ quatre minutes, et
est ici jouée par le claveciniste Lukas
Vendl.
Vicinius Kattah – pianoforte
Ute Groh – violoncelle baroque
Kate Rafferty – soprano
Cette cantate et des éléments complémentaires sur Cornetti
sont détaillés dans les pages 99 et 100
de la biographie de Nancy Storace,
par Emmanuelle Pesqué.
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