Nancy Storace, soliste et bienfaitrice de la Royal Society of Musicians
On trouvera ICI
une présentation de la Royal Society of
Musicians et de ses concerts.
Annonce parue dans la
presse
pour The Messiah du
31mai 1787
En
1787, de retour du continent, Nancy Storace participe aux concerts annuels de la Royal Society of Musicians pour la
première fois.
Sa
présence ne passe pas inaperçue : les critiques se déchainent contre elle,
lui reprochant principalement d’avoir remplacée Elizabeth Billington (1765–1818), soprano adulée par le public.
D’autres préfèrent commenter sa prestation artistique, comme Richard Edgecumbe, un aristocrate féru
d’opéra qui laissa des mémoires révélatrices de sa passion musicale. Il juge
que
La connaissance musicale de [Storace]
était à toute épreuve, et elle pouvait bien chanter dans chaque style, comme
elle le prouva lors des concerts à l’abbaye de Westminster, où elle chanta avec
le meilleur effet : à mon avis, elle apparut rarement plus
avantageusement, car dans cet espace la dureté de sa voix se perdait, tandis
que sa puissance et sa clarté le remplissait tout entier. (Earl of Mount
Edgecumbe, Musical Reminiscences...
London, 1834, p. 58)
Les
deux années suivantes, la maladie du roi (ses fameuses crises de folie, attribuées traditionnellement à des
attaques de porphyrie)
oblige les organisateurs à donner les concerts avec moins de pompe.
Pour
1788, le hautboïste William Thomas Parke
se souvient que :
Le 16 mai, sur ordre de leurs
Majestés, et sous la direction du comte d’Exeter, président honoraire, et les
nobles vice-présidents honoraires, une sélection des œuvres de Haendel fut
jouée au Pantheon, durant la soirée […] Les principaux chanteurs étaient le
Signor [Luigi] Marchesi et Mr. Harrison, la Signora Storace et Madame
Gertrud Mara.
Mr Cramer [le premier violon] dirigeait l’orchestre, qui était composé de
membres de la Royal Society. (Musical
Memoirs, tome I. London, 1830, p. 107)
L’année
suivante, le concert se donne encore dans le même lieu. Un critique souligne
alors que
Storace n’a jamais mieux chanté que
dans “The Prince Unable [to conceal his
pain]” [dans Alexander’s Feast],
et on lui demanda un bis, comme d’habitude, avec les applaudissements les plus
sonores.
Pour lire
la suite, cliquer en dessous
L’intérieur de l’abbaye de
Westminster,
lors de la célébration du Centenaire
de Haendel,
vue depuis la loge du Manager.
Tableau
d’Edwards Edwards (vers 1793)
En
1790 et 1791, les concerts retrouvent leur prestige avec leur retour à l’abbaye
de Westminster.
La
presse publicise qu’« il y aura une répétition
de Musique Sacrée sur ordre de SA MAJESTE à l’abbaye de Westminster, en mai
[1790], sur une plus grande échelle que lors d’aucune précédente occasion. ».
En
1791, la presse annonce triomphalement la liste des interprètes engagés, comme
chaque année :
Voici
la Liste des Chanteurs Principaux,
qui
ont généreusement offert leur assistance pour les différents
Concerts :
Madamé
[sic] MARA,
Mrs.
CROUCH, et la Signora STORACE.
Signor PACCHIEROTTI, et le Signor DAVID,
Mr. KELLY, Mr. SAVILLE, Mr[.] SALE,
Mr. NIELD, Mr. KNYVETT,
Mr. CHAMPNESS, Mr. MATTHEWS,
Mr. RENNOLDSON, Mr. GOSS,
Mr. BELLAMY, Jun. &c. &c.
La
Liste des Instrumentistes comprend
Messrs.
Cramer, Mara, Sarjant, Ashley and Sons, Baumgarten, J.
et W. Park, Holmes, Hogg, Lyon, Parkinson, Florio,
Potter,
Foster, Dance, Blake, Mountain, Soderini, Boyce,
Kotswara,
Messrs. Gresbachs, Howard, Franki, Leffir, Flack,
Shaw, Ely,
Hackwood, C. Evans, Scola. Waterhouse, Rowlings,
Napier,
Wagner, Shiled, Miller, Neibour, Patria, Kellners,
Cantelo,
Leanders,
Atbridge, &c
Parmi
ceux-ci, notons la présence du grand ténor Giacomo
David(e) (1750-1830) et du castrat Gasparo
(ou Gaspare) Pacchierotti (ou Pacchiarotti), (v. 1740-1821).
En
1792, par comparaison, le retour à l’église St. Margaret fut critiqué, comme le
note Joseph Haydn (qui n’y
assista vraissemblablement pas, comme l’affirme la tradition, ainsi que l’a démontré le musicologue
John A. Rice).
Autre
changement de lieu, en 1796 ; le concert se tient à Whitehall Chapel, mais
n’est pas une réussite financière, malgré son succès critique :
Par ordre, et sous le patronage de leur Majestés, une grande sélection de musique sacrée, tirée des œuvres de Haendel, fut jouée à Whitehall Chapel, le jeudi 26 mai 1796, au bénéfice de la Royal Society of Musicians. Les chanteurs principaux, Miss Parke, Miss Leak, Mr. Harrison. Mr. Braham, et la Signora Storace, fournirent un plaisir exquis. Leurs Majestés et cinq des princesses étaient présents, et le public était chic et nombreux. La chapelle, ornée dans un style très élégant, correspondait admirablement avec le beau plafond de Rubens ; et l’orchestre, dirigé avec maestria par Cramer, était formé de cinq cent instrumentistes. L’effet était vraiment imposant, tout comme l’était la dépense, car le tout coûta plus de huit cent livres sterling ! (Musical Memoirs, tome I. London, 1830, p. 220)
A
son retour en Angleterre, dans les années 1800, Nancy Storace prêtera plutôt
son concours à la New Musical Fund,
fondée en 1786. Concurrente de la Royal Society of Musicians et plutôt destinée
aux musiciens de province, l’adhésion à l’une entrainait l’exclusion de
l’autre.
Dans
son testament de 1797, exécuté après
le décès de la cantatrice en août 1817, Nancy Storace lègue une très importante
somme d’argent à la Royal Society of Musicians. Ces £ 1000 en firent l’une
des bienfaitrices les plus généreuses de l’histoire de cette société… (Elle agira
de même avec la New Musical Fund.)
Le
legs fut versé en 1819. La Royal Society of Musicians enregistra les
remerciements adressés à son fils naturel, Spencer Braham, en lui offrant de
rajouter son nom à la liste des souscripteurs honoraires, ce qui lui permettait
d’obtenir deux billets pour le concert annuel de bienfaisance de la société.
La
mère de Nancy Storace qui lui survécut, Elizabeth
Storace, faisait déjà partie de cette liste.
Pour aller
plus loin :
DRUMMOND,
Pippa, « The Royal Society of Musicians
in the Eighteenth Century. » dans Music
& Letters, 59, n°3 (1978), p. 268-289.
MATTHEWS,
Betty, « Nancy Storace and the Royal
Society of Musicians. » dans The
Musical Times, 128, n°1732 (1987), p. 325-327.
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Merci de votre message. Il sera mis en ligne après modération....