6 novembre 1805 – Nelson est mort, mais le spectacle continue !
Le
matin du 6 novembre 1805, arrive à l’Amirauté le capitaine Spykes (du Nautilus), porteur de dépêches annonçant
la victoire de Trafalgar et la mort de Nelson. La nouvelle se répand comme une
trainée de poudre, et certains quotidiens lancent immédiatement une nouvelle
édition.
Mention de la réapparition de Nancy
Storace et John Braham
à Drury Lane, dans The
European Magazine and London Review.
Le
soir même, dans le théâtre de Drury Lane que Nancy
Storace et John
Braham ont
rejoint en leur début de saison 1805-1806, et où ils ont réapparu début
novembre dans The Siege of Belgrade,
public comme interprètes rendent hommage au héros défunt.
Les
annonces de presse avaient publicisé la soirée, en précisant que seraient
insérés dans ce vieil opéra de Stephen
Storace (frère de
Nancy),
A l’Acte I sera introduit le célèbre
Duo de l’“Amor Fraterno” par Mr Braham et la Signora Storace – Et dans l’Acte
II l’Air favori de “My heart with love is beating” par Mr Braham.
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Annonce du programme et de la
distribution
De la soirée, parue dans la presse
quotidienne.
Toutefois,
l’ajout qui suscitera le plus de commentaires de la presse, est évidemment
l’hommage « spontané » rendu par la salle et les interprètes à
l’amiral Nelson.
Un
premier quotidien précise que :
The
Siege of Belgrade fut
répété la nuit dernière; et Braham qui était en voix, chanta ses divers airs
avec un goût raffiné, une délicatesse dans le ton et une brillance d’exécution
qui a rarement été égalée, que ce soit sur la scène italienne ou anglaise.
Plusieurs de ses airs furent demandés en
bis avec force, et applaudis avec délices. Storace, en Lilla, fut
victorieusement enjouée comme actrice et grandement efficace comme
chanteuse ; et Miss DE CAMP, BANNISTER, MILLER, MATHEW, et DIGNUM,
reçurent et méritèrent de nombreux applaudissements.
God
Save the King et Rule Britannia, furent chantés en honneur
de la splendide victoire de Lord NELSON, au milieu des applaudissements
extatiques de toutes les parties du théâtre ; et les vers suivants, écrits
par Mr. CUMBERLAND furent récités par Mr. WROUGHTON avec beaucoup
d’effet :
Pour lire
la suite, cliquer en dessous
Is there a man, who this great triumph hears,
And with his transports does not mingle tears?
For, tho’ Britiannia’s flag victorious flies,
Who can refrain from grief when NELSON dies?
Stretch’d on his deck amid surrounding fires,
More Phoenix-like the gallant Chief expires;
Cover’d with trophies, let his ashes rest,
His memory lives in every British breast,
His dirge our groans, his monument our praise;
And whilst each tongue this grateful tribute pays,
His soul ascends to Heav’n in glory’s brightest blaze.
[Traduction libre]
Il y a-t-il un seul homme, qui
entendant ce grand triomphe,
Qui ne mêle pas les pleurs à ses
transports de joie ?
Car, bien que les enseignes de
Britannia claquent triomphalement au vent,
Qui peut être exempt de douleur quand
NELSON périt ?
Etendu sur le pont, environné de
flammes,
Pareil à un Phénix, le galant
commandant expire ;
Recouvertes de trophées, que ses
cendres reposent,
Que sa mémoire vive dans tous les
seins britanniques,
Que son chant funèbre soit nos
gémissements, son monument nos louanges ;
Et, alors que chaque bouche lui rend
un hommage reconnaissant,
Son âme s’élève aux Cieux dans la
flamboyance de la gloire.
De
même, un autre périodique se borne à préciser que :
Aussitôt que le rideau se leva, Rule
Britannia fut énoncé de toutes les parties du théâtre, avec une ardeur très
enthousiaste. La compagnie des interprètes dans son entier apparût
immédiatement en scène, et ce chant si patriotique et loyal fut chanté
[par ?] l’Opéra. Rule Britannia fut répété en son entier, avec encore plus
d’esprit et d’enthousiasme qu’auparavant. De nouveau, le public se joignit à
[ ??] et [ ??] parmi des acclamations universelles. Mr alors s’avança, et [ ??] annonça la
nouvelle suivante, écrite par Mr.CUMBERLAND, qui fut reçue par les
applaudissements les plus enthousiastes –
Is there a man, who this great triumph hears,
And with his transports does not mingle tears?
For, tho’ Britiannia’s flag victorious flies,
Who can refrain from grief when NELSON dies?
Stretch’d on his deck amid surrounding fires,
More Phoenix-like the gallant Chief expires;
Cover’d with trophies, let his ashes rest,
His memory lives in every British breast,
His dirge our groans, his monument our praise;
And whilst each tongue this grateful tribute pays,
His soul ascends to Heav’n in glory’s brightest blaze.
[L’exemplaire
du journal consulté est très effacé et difficilement lisible.]
John
Braham et Nancy Storace connaissaient bien le couple Horatio Nelson-Lady
Hamilton. Cette dernière donnera d’ailleurs au ténor un
bel anneau de deuil pour commémorer ce décès.
Cette représentation du 6 novembre 1805 et l’hommage à
Horatio Nelson
sont mentionnés pages 295 et 296 dans la biographie de
Nancy Storace,
par Emmanuelle Pesqué.
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