1790 – Le coin du paparazzi : Georg Foster observe Nancy Storace
En 1790, le scientifique et jacobin Georg Foster voyage en Angleterre. Il
publie ses impressions de son séjour, observant coutumes et usages de près. Il
ne manque pas de se rendre au théâtre de Drury Lane où il voit Nancy Storace
chanter dans deux opéras de son frère Stephen,
The
Haunted Tower (1789) et No
Song, No Supper (1790).
En 1790, Forster entreprend un voyage
qui lui fait parcourir les Pays-Bas autrichiens, la Hollande, l’Angleterre et Paris,
en compagnie d’Alexander von Humboldt. Il en tirera un ouvrage, Ansichten vom Niederrhein (Vues sur le
Rhin inférieur), partiellement traduit en français sous le titre Voyage philosophique et pittoresque en
Angleterre et en France, fait en 1790. Le traducteur, Charles
Pougens, a d’ailleurs ajouté quelques notes explicatives de son cru...
S’il
fait erreur sur la parenté entre les Storace, il témoigne également d’une
profonde ignorance sur le principe même du pasticcio
anglais : la plupart des opéras en langue
vernaculaire représentés dans les théâtres de Covent Garden et Drury Lane
étaient conçus sur ce modèle. La pratique n’avait rien d’exceptionnel, et les
emprunts étaient répertoriés et annoncés comme tels, autant sur les affiches
que dans les comptes rendus de presse.
Remarques de Foster.
Notes de Charles
Pougens.
Georg
Foster (1754-1794)
est l’un des esprits les plus curieux d’une époque qui n’en manqua pourtant
guère. Linguiste éminent (il comprenait 17 langues), naturaliste et philosophe,
il se fit connaître pour ses idées progressistes et ses sympathies
révolutionnaires.
Portrait de Georg
Foster par
Johann Heinrich
Wilhelm Tischbein
(Wikipedia)
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Fils de Johann Reinhold Forster
(1729-1798), un pasteur passionné par la philosophie et les sciences
naturelles, il participe très tôt aux différentes missions scientifiques de son
père. Ainsi, il l’accompagne en 1765 sur les rives de la Volga pour étudier la
viabilité de colonies allemandes. L’année suivante, Johann Reinold s’installe à
Londres : son fils l’accompagne. Il ne tarde guère à être remarqué par la
communauté savante par sa traduction de l'Histoire
de la Russie de Mikhaïl Lomonossov.
En 1772, lorsque son père est convié à
prendre part à la deuxième expédition de Cook, en tant que naturaliste, le
jeune garçon est imposé par Johann Reinhold comme dessinateur. Entre juillet
1772 et juillet 1775, Georg découvre la Nouvelle-Zélande, les îles Tonga, la
Nouvelle-Calédonie, les îles Marquises et l'île de Pâques. Il collabore donc
comme naturaliste, mais se livre par ailleurs à des études ethnologiques,
linguistiques et géographiques. Ces observations seront le fondement d’une
revue de voyage publiée à Berlin par le père et le fils, Magazin von merkwürdigen neuen Reisebeschreibungen, traduite en
anglais en 1791 et 1793. Pour sa part, Georg publie en 1777 un récit de voyage
du périple de Cook, qui cimente sa réputation : A Voyage round the World in His Britannic Majesty's Sloop Resolution,
Commanded by Capt. James Cook, during the Years, 1772, 3, 4, and 5. Il devient
membre de la Royal Society of London cette même année.
L’année suivante, il se rend à Cassel,
où il a obtenu un poste au Collegium Carolinum. Il y enseignera jusqu’en 1784. La
vie universitaire et la rigidité sociale lui pèsent.
A Gottingen, ville où son père a une
chaire universitaire, il rencontre Therese Heyne (1764-1829), fille d’un
universitaire. Elle sera par la suite connue sous le nom de Therese Huber. Ils se marient en 1785.
Le couple aura trois enfants, mais se séparera par la suite.
Georg Foster s’intéresse un temps aux
théories rosicruciennes, avant de s’en éloigner. En 1786, enseignant alors à
Vilnius, Forster entre en controverse au sujet des races humaines avec Emmanuel
Kant. En 1788, il est bibliothécaire l'université de Mayence. Il n’a cessé de
publier divers récits de voyage et ouvrages scientifiques.
Ses idées politiques sont
progressistes : ses voyages en Angleterre et dans les Pays-Bas lui ont
forgé des idées très claires sur les libertés que doit avoir le peuple. Pour
lui, la Révolution française est une force naturelle que l’on ne peut arrêter.
Quand Custine conquiert Mayence le 21
octobre 1792, Foster fonde un club jacobin et participe à la création de la république.
Elu député de la Convention nationale du premier parlement allemand, il est
envoyé à Paris pour demander le rattachement de la république de Mayence à la France.
Toutefois, la reconquête impériale du territoire rend sa présence en France inutile.
Banni de son pays – toute collaboration
d’un sujet impérial avec le pouvoir révolutionnaire étant suivi de proscription
--, Foster doit rester à Paris durant la Terreur. Ses idéaux révolutionnaires n’en
souffrent pourtant pas.
Il meurt à Paris en janvier 1794 d’une
pneumonie.
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