1790 – ‘No Song, No Supper’: "A Miser bid to have and hold me" (Margaretta) [AUDIO]
Livret publié à Dublin, en 1792.
(Source)
On trouvera une présentation générale de cet opéra dans la miscellanée ‘No
Song, No Supper’, opéra de Stephen Storace (1790)
Synopsis
Deux marins, Frederick et Robin, font naufrage près de
chez eux. Ils espèrent pouvoir revoir leurs amantes, Louisa Crop et Margaretta,
et se rendent chez le fermier Crop, père de Louisa. Dorothy, la seconde épouse
du fermier, est éprise de l’homme de loi véreux Endless, qui a déjà contribué à
séparer les amants. En l’absence de son mari, elle lui prépare un souper,
consistant en un rôti et un gâteau, ce dont Margaretta (qui passe pour une
chanteuse des rues) est témoin. Alors qu’Endless s’apprête à manger, Crop
frappe à la porte. Endless se cache, et le souper est dissimulé. Margaretta
chante une ballade, dont le premier couplet révèle la cachette du rôti, le
second, celle du gâteau, et le troisième, la cachette d’Endless. Il est chassé
et le couple de fermiers se réconcilie. Robin et Frederick, devenus riches
grâce à un tonneau d’or sauvé du naufrage, peuvent désormais se marier, et
annoncent la bonne nouvelle. (d’après Jane Girdham (1997), p. 178)
La partition
Seul opéra anglais de Stephen
Storace à avoir survécu dans une partition orchestrale, l’afterpiece (pièce ou opéra donné en
seconde partie de soirée) No Song, No
Supper (Pas de chanson, pas de souper) n’est pourtant pas forcément une œuvre
réellement représentative du style du compositeur.
Roger
Fiske, qui en a édité
et publié une version, estime que la partition disponible n’est qu’une
réduction faite pour le Little Theatre in the Haymarket. L’orchestration,
demandant un effectif inférieur à celui du théâtre de Drury Lane (par exemple,
six pupitres de vents au lieu de huit pour Drury Lane) ; attesterait de l’intervention
d’une main ultérieure à celle de Stephen Storace.
Pour la musicologue Jane Girdham, auteur d’une thèse de
doctorat portant sur les opéras de Storace à Drury Lane, cette raison avancée
ne serait pas probante : les effectifs orchestraux seraient toujours réduits
pour les afterpieces. Elle y voit donc un exemple de l’art du compositeur, tout
en relevant que cet opéra est l’un de ses premiers, et qu’il inclut de nombreux
numéros empruntés à d’autres compositeurs. L’orchestration de ces derniers est
sans doute très proche des originaux… et ne serait donc pas révélateur des
pratique de Storace.
On peut cependant relever que ce
dernier a privilégié les vents dans sa texture orchestrale. Comme le souligne
Jane Girdham, l’orchestre de Drury Lane comptait en son sein d’excellents hautboïstes
(comme les frères Parke), clarinettistes et bassonistes…
« A Miser bid to have and hold me », air de Margaretta
Lisa
Milne (soprano),
BBC
Scottish Symphony Orchestra,Harry
Bicket (dir.).
Diffusion radiophonique en 1996
Comme il était d’usage dans le
pasticcio qu’était le Ballad Opera
anglais, Stephen Storace réutilisa et réorchestra des airs et extraits d’autres
compositeurs. L’un des airs alloués à Margaretta est ainsi tiré de L’Epreuve villageoise de Grétry. Cet
opéra-comique avait été créé à Versailles le 5 mars 1784, et sera repris à la
Comédie italienne le 18. Cet air était destiné à sa sœur Nancy Storace.
Pour lire la suite, cliquer en dessous
L’air à couplet de Denise « Bon Dieu com 'à c'te fête » (II, sc.
1) devint donc « A Miser bid to have
and hold me » pour Margaretta. Les deux textes se rejoignent cependant
à la fin du premier couplet, alors que la paysanne rassure son amoureux quant à
sa fidélité.
Margaretta :
Un Avare chercha à m’avoir et me
garder,
Et des parents avides m’auraient bien
vendue,
Un mari était assez pour moi, bien
qu’il soit laid, boiteux ou vieux,
Ils n’y voyaient aucun problème, car
ses sacs étaient pleins d’or
Non, Robin, non, tu n’as rien à
craindre, tu n’as jamais eu de rival,
Quoi qu’un tel mari ait ou tienne.
[traduction libre]
Denise :
Bon Dieu ! Bon
Dieu ! Comm’à c’te Fête,
Monsieur
d’la France était honnête,
C’est tout
d’bon qu’jons fait sa conquête,
Et je ne
l’avions pas désiré ;
André croit
qu’ça m’tourne la tête. (bis)
Rassure-toi
mon cher André,
Mon
pauvr’André, mon cher André :
Monsieur d’la
France est ben honnête;
Mais mon
André, mon cher André,
T’es ben
plus aimable à mon gré. (bis)
Deuxième Couplet
Queu danseux
que c’monsieur d’la France !
Toujours
i’m’prenait pour la danse,
Et c’n’est
pas lui sur ma conscience,
Et c’n’est
pas lui que j’aurions d’siré.
Et qu’est-c’
qui séchait d’impatience ?
C’était
André mon pauvre André.
Rassure-toi,
mon cher André,
I’dans’fort
ben, monsieut d’la France ;
Mais mon
André, mon cher André,
Ç’est toi
seul qui dans’ à mon gré.
Troisième Couplet.
J’peux choisir
au moins parmi douze,
À tant
choisir queuqu’fois’on s’blouse,
Mon André,
c’est stilà qu’j’épouse,
Et c’est
l’seul que j’ons désiré.
Mais
auras-tu l’humeur jalouse ?
Est-c’que
t’auras l’humeur jalouse ?
Rassure-moi
mon cher André,
Mon bon
André, mon cher André ;
Car enfin
s’i’faut que j’t’épouse,
J’t’obéirai,
tant que j’pourrai,
Tant que
j’pourrai, j’t’obéirai ;
Mais faudra
qu’tout a’lle à mon gré.
[L’Epreuve Villageoise, Acte II, scène 1.
L’air est disponible à l’achat sur Amazon.]
Bibliographie
Jane Girdham, English Opera in Late
Eighteenth Century London. Stephen Storace at Drury Lane. Oxford, Clarendon
Press, 1997.
Roger Fiske, No Song, No Supper: Opera: Full Score: Musica Britannica Vol. 16. Stainer & Bell Ltd, 1959.
Il n'existe à ce jour aucun enregistrement commercial de cet opéra.
Il n'existe à ce jour aucun enregistrement commercial de cet opéra.
No Song, No Supper fait l’objet des pages 188 et 189
de la biographie de Nancy Storace,
par Emmanuelle Pesqué.
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