1773 – Premiers concerts, et premiers fans pour la petite Nancy Storace
Vers la fin août 1773, Nancy Storace,
qui n’a pas encore 8 ans, se produit en concert à Southampton. S’y produit également
le violoniste espagnol Nicholas Ximenez, un collègue de Stefano Storace, le
père de la petite fille.
De prime abord, l’expérience ne semble
pas concluante, le public ne semblant tout d’abord pas au rendez-vous… En
effet, quelques jours après, une lettre
publiée dans un journal local affirme que :
Ce
qui m’a poussée à prendre la plume est le grand plaisir que j’ai eu mercredi dernier
à entendre Miss Storace chanter aux Martin’s Rooms, une fillette qui n’a pas
encore huit ans, et qui me semble être une fillette surprenante, probablement
sans égale parmi celles de son page ; sa jolie figure (silhouette), sa
voix et son goût sont admirables ; et ce qui augmente encore mon
étonnement est sa manière de chanter magistrale, avec une prononciation claire
et distincte : j’étais navrée de voir le peu de public présent à ce concert ;
et j’ose avancer que les ladies et
les gentleman de notre ville n’aient
pas eu conscience de son mérite, mais j’espère qu’ils montreront que son mérite
ne restera pas sans écho, par leur généreuse présence de mercredi prochain,
lorsqu’elle se produira, pour la seconde fois, aux Martin’s Rooms.
Les concerts draineront apparemment
suffisamment de monde pour que la très jeune artiste ait droit à son concert à
bénéfice…. mais son père a sans doute perdu de l’argent dans l’entreprise.
Néanmoins, l’expérience que gagne la petite Nancy est précieuse. L’habituer à
se produire en public a sans doute autant d’importance que le gain des
concerts, même si ce dernier n’est pas négligeable…
A lire cette lettre ouverte signée par
un simple « MARIA », on
pourrait penser que la petite chanteuse s’est gagné une admiratrice. Mais ce
document est-il réellement sincère, et ne s’agit-il pas plutôt d’un « puff » ?
Un « puff » est une mention orientée, souvent payée par les
artistes eux-mêmes ou les théâtres, pour faire « monter la sauce » et
occuper une surface médiatique. On les qualifierait aujourd’hui d’« articles
commerciaux »… avec la réserve que cette mention n’est évidemment jamais
faite !
Un éminent personnage de Richard
Brinsley Sheridan, dans sa pièce parodique
sur le théâtre The Critic (1779),
nommé Puff, explique d’ailleurs comment bonimenter dans les journaux avec « the
PUFF DIRECT – the PUFF PRÉLIMINARY – the PUFF COLLATÉRAL – the PUFF COLLUSIVE,
and the PUFF OBLIQUE, or PUFF by IMPLICATION » (I, sc. 2.) !
Quoi qu’il en soit, c’est le début d’une
carrière tant au concert qu’à l’opéra qui ne s’achèvera qu’en décembre 1808.
Cette lettre et les puffs sont
évoqués pages 29 et 30
de la biographie de Nancy Storace,
par Emmanuelle Pesqué
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