2021 - Une uchronie mozartienne étonnante d'Olivier Boile

Olivier Boile, Mort et vie du sergent Trazom - Suivi de la nouvelle Il menait le Chœur des Cieux. Éditions Nestiveqnen, 2021.

 

Olivier Boile, "Mort et vie du sergent Trazom"

Le matin du 5 décembre 1791, le corps du sergent Trazom est retrouvé gisant dans la botte de Constantinople, parmi d'autres soldats tombés au front. Seul son ami Lorenzo Da Ponte, avec qui il composa "Les Noces de Figaro", a conscience de l'inestimable perte que représente la mort de Wolfgang Mozart. Comment le musicien le plus talentueux de son époque en est-il arrivé là ?

Une uchronie sur Mozart ? Bonne idée ! Depuis les réjouissants romans de Bernard Bastable, personne n’avait tenté l’aventure… (Relevons quand même que ces romans avaient réussi à inventer une autre vie britannique à Mozart sans jamais lui faire rencontrer Stephen ou Nancy Storace, ou même Michael Kelly et Attwood ! Invraisemblable.)

Il en est de même dans ce roman : si l’accent est bien mis lors de l’accroche de 4e page de couverture sur Les Noces de Figaro (qui ne furent pas l’échec qu’une tradition erronée en fait !), on ne trouve guère trace de la Susanna de Mozart. Si une Anna hante bien ces pages, il s’agit d’un personnage inventé… Son prénom aurait-il été toutefois choisi en lien avec la cantatrice italo-britannique ? Mais Constanze Weber a été, elle aussi, écartée de cette réalité alternative.

Également fan de SF, je ne pouvais manquer de lire ce roman. Verdict ? J'ai été finalement assez déçue... Car cette uchronie ne tient finalement pas ses promesses. C'est sans doute la 4e de couverture qui m'a fait penser qu'il s'agissait d'une bifurcation temporelle et non d'un univers parallèle.

Le premier chapitre est intriguant, mais ensuite cela s'enlise un peu dès qu'on part sur le flashback biographique sur Mozart. En fait, ce qui m'a déçue, en dehors de l'improbabilité de l'engagement militaire de Mozart (de santé fragile et pas vraiment fait du bois dont on fait les reîtres), c'est ce principe d'une uchronie radicale qui s'écarte totalement de l'univers historique que nous connaissons...

Un autre facteur assez impossible, à mon avis : parce que ce monde parallèle serait très axé sur une technologie d'avant-garde (par rapport au XVIIIe siècle que nous connaissons) et axé sur le profit, la musique aurait disparu et les musiciens crèveraient de faim ? Cela n'a pas été le cas dans notre monde... Au contraire, la musique est devenue une industrie. Pourquoi n’en aurait-il pas été de même dans cet empire nouveau genre ?

Autre grief, certains éléments de l'intrigue se calquent trop sur la pièce/film Amadeus. Hommage, certes, mais hommage un peu trop appuyé à mon goût par la reprise de certaines scènes clés.

Bref, j'ai fini par survoler les aventures du sergent Trazom, me focalisant uniquement sur l'évocation de sa vie de musicien (désolée, mais même l’évocation des campagnes de Louis XIV me barbe malgré les chroniques de Saint-Simon), allant ensuite lire la chute finale….

Une bonne idée, donc, mais qui ne me semble pas poussée à son terme. Dommage.

(Par ailleurs, la nouvelle additionnelle ne m'a pas semblé apporter grand-chose de plus au thème.)

 Emmanuelle Pesqué

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